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CONTE PAYSAN MEDIEVAL

Publié par PM sur 1 Février 2013

 

  Le Prévôt, l’Ogre et la Paysanne

 

 

Il était une fois ...

… dans une lointaine province, un village, au milieu des collines dans un cadre bucolique qui laissait à penser que la vie s’y déroulait sans histoires.

Or, à cette époque, le village était sous la coupe d’un Ogre, un despote primitif et violent qui terrorisait ses habitants et disait être « l’ami des puissants ». Il proclamait même à qui voulait l’entendre qu’un jour « le village lui appartiendrait ». Il se donnait les moyens de ruiner celles et ceux qui pouvaient contrarier son ambition.

L’Ogre qui était en conflit avec une pauvre paysanne, qui travaillait seule depuis que son mari avait été blessé par un sanglier dans la forêt,… avait décidé de lui couper tous ses moyens de vivre. S’entendant avec un aventurier de passage qui souhaitait s’établir dans le village pour se constituer un repaire, il lui avait interdit d’exercer son métier dans le local qu’elle occupait depuis des générations. Devant un tel scandale, la solidarité s’était organisée et la paysanne avait pu, du moins pour le moment, continuer à exercer son activité.

Un point obscur, dans cette affaire subsistait… Comment se faisait-il que l’atelier dans lequel avait toujours exercé la paysanne, et ses parents avant elle, se trouvait soudain interdit d’activité ? Qui avait pris la décision et pourquoi ?

L’ogre qui exerçait le pouvoir absolu dans le village était le premier soupçonné… en effet qui d’autre aurait pu prendre une telle décision.

Le groupe qui s’était formé en soutien à la paysanne, voulut en avoir le coeur net et forma une requête auprès de l’Ogre pour que les documents relatifs à l’organisation du village soient mis à leur disposition.  Une vieille loi permettait cette requête.

La demande formulée fut envoyée à l’Ogre qui pris son temps pour répondre. Il n’offrit que peu de temps pour examiner les documents,… quant à ceux qui concernaient justement le déclassement de l’atelier de la paysanne,… il ne sut quoi répondre,… « ne se souvenant plus »,… « ne sachant pas où ils étaient »,… «  n’en ayant même jamais entendu parler » ,…et finalement « n’ayant pas le temps de les chercher » ( ?). La mauvaise foi du personnage était manifeste… Et devant une telle attitude la paysanne et ses amis s’adressèrent au Prévôt royal, pour qu’il fasse respecter le droit et ramène l’Ogre à la raison.

Qu’elle ne fut pas, quelques jours après, la stupeur de ceux-ci qui reçurent un message du Prévôt prenant fait et cause pour l’Ogre. Justifiant ainsi par un juridisme purement formel toutes les tentatives de diversions, de dissimulation, d’évitement de l’Ogre pour lui permettre que tous ignorent ses obscures pratiques. Le prévôt justifiait la volonté de garder secret les documents… en s’appuyant sur une loi qui en principe y donnait accès ( ?)

En effet, en examinant de près cette loi, la paysanne et ses amis se rendirent compte que, celle-ci, comme toutes les lois, ne sont pas faites pour protéger les humbles, mais essentiellement pour défendre un ordre. Formellement égalitaires et protectrices, elles permettent en fait un facile détournement par des individus mal intentionnés ; déclarées de droit divin, elles sont inattaquables par le bon peuple et défendues par une bureaucratie qui  permet de régner sur ses sujets de Sa Majesté.

L’histoire ne dit pas si, un jour, la paysanne pu prouver qui – quoique c’était évident – avait porté atteinte à son activité, et pourquoi ? L’Ogre, protégé par le Prévôt royal, avait pu esquiver les questions gênantes et empêcher l’examen des documents  concernés.

 

Un enseignement, à l’époque, avait été tiré de cette histoire.

L’ordre des choses n’avait pas pour objectif de défendre le bien commun mais de permettre à celles et ceux qui accédaient au pouvoir de défendre leurs intérêts.

Les intérêts imbriqués de celles et ceux qui sont aux différents niveaux de la hiérarchie des pouvoirs (politiques et administratifs), se serrent les coudes pour défendre le système.

La Loi est faite de telle manière que le peuple est toujours piégé.

Chronique rapportée par Merlin l’Emmerdeur

 

Cette chronique des anciens temps peut nous paraître, avec le recul, bien exagéré dans son outrance. Après des siècles d’obscurantisme politique et social, l’accès aux Lumières nous met à l’abri d’une telle situation.

Aujourd’hui la Loi protège, l’Etat de Droit rassure, la République prend soins de ses enfants, les agents de l’Etat savent être justes et éviter les dérives du système démocratique en place, procédures et documents sont accessibles et transparents, les Tribunaux jugent en toute indépendance et en contact étroit et permanent avec la réalité sociale.

Il y a cependant des esprits chagrins et/ou provocateurs qui tentent de faire croire que les choses, au travers des siècles n’ont pas changé, qu’ils sachent que ce conte n’est évidemment qu’une fiction. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées serait un pur hasard. Prétendre le contraire serait de la malveillance.

 

CONTE PAYSAN MEDIEVAL

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